27. Rik Wouters

Rik Wouters, l’artiste qui a peint ces deux toiles, effectue ses premiers pas artistiques dans l’atelier de menuiserie de son père où il fabrique des meubles et découvre ainsi son talent pour la sculpture. À dix-huit ans, il entre à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles et commence aussi à peindre à cette époque. Il expose à la Libre Esthétique de Bruxelles et à L’Art contemporain à Anvers. En 1911, il signe un contrat avec le galeriste bruxellois Georges Giroux. En 1913, il réalise un impressionnant buste de James Ensor. Prisonnier de guerre aux Pays-Bas pendant la Première Guerre mondiale, il apprend qu’il est atteint d’un cancer. Wouters meurt en 1916, à l’âge de 33 ans.

Bien qu’il se considère avant tout comme sculpteur, Wouters passe pour le plus important fauve belge, renommé pour la beauté des couleurs de ses toiles. Lui-même admire beaucoup Ensor et dit à propos de son utilisation de la couleur : « Le ciel est rose ! Bon sang, quel rose ! ». Sous l’influence d’Ensor, Wouters utilise aussi des couleurs pures.

Dans la nature morte La table de l’aquafortiste, les bouteilles remplies d’acides caustiques forment un splendide contraste avec les tons gris du bassin d’eau-forte. On dirait une cascade de bleu et de blanc, aux accents étincelants de rouge, de vert et de jaune.

Cette œuvre de 1909 reflète l’évolution de l’artiste : c’est en effet à cette époque que Wouters se lance dans les estampes et s’affirme comme un expressionniste.

À l’instar de Spilliaert, Wouters adapte la nature morte à sa vision : ce qui lui importe, ce ne sont pas les choses telles qu’elles sont, mais telles qu’il les voit. Et comme dans cette œuvre, il ne leur laisse que leur couleur.

Wouters découvre aussi l’œuvre du peintre français Paul Cézanne et son utilisation fougueuse de la couleur. Comme Cézanne, Wouters peint les choses sur un plan incliné : le glissement du lapin et du lièvre écorchés souligne la lourdeur de la chair morte. Elles rapprochent la représentation de natures mortes crues de Walter Vaes et de Hubert Bellis.

L’œuvre Humeur sombre trahit peut-être l’état d’âme de Wouters pendant sa maladie. Après une intervention chirurgicale, il porte un cache-œil. Il peint alors de grands aplats de couleurs sombres et des formes simples, jusqu’à l’opération suivante qui lui affaiblit tant la vue que Wouters s’arrête définitivement de peindre.

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