13. Frans Mortelmans
Au XIXe siècle, les tableaux de fleurs sont particulièrement populaires. Ils font appel à l’imagination, symbolisent la grâce et le raffinement et s’intègrent bien dans les intérieurs bourgeois où l’on peut également admirer de vrais bouquets. Et comme cela vaut depuis des siècles : même en hiver, un bouquet peint fleurit la maison ! De nombreux artistes intègrent donc des bouquets dans leurs œuvres et cela donne souvent des images assez classiques. Mais certains artistes vont plus loin.
Ainsi l’artiste anversois Frans Mortelmans, frère du célèbre compositeur Lodewijk Mortelmans, aime offrir au spectateur un aperçu du processus créatif de ces pièces florales. Ou tout du moins du lieu où tout se crée, l’atelier de l’artiste.
Dans Autoportrait dans son atelier devant son chevalet, Mortelmans peint les roses jaunes qu’il aime tant. Il contemple sa toile d’un air enjoué. Est-il satisfait ou lui faut-il ajouter une touche finale ?
Qui observe le tableau le contemple avec Mortelmans. Sur une table, on voit le bouquet qu’il est en train de peindre et cette toile fait partie de l’exposition, ainsi qu’une plus petite version de la même composition florale.
D’autres tableaux encore représentent l’atelier de Mortelmans, bien qu’il faille parfois un peu chercher. Regardez attentivement le tableau avec les deux bouquets de roses, l’un rouge et l’autre rose, et à côté un pot en faïence de Delft. Il est évident que Mortelmans aime les fleurs, et les roses en particulier. Il les peint souvent d’une seule et même couleur, car il n’aime guère les explosions chromatiques. Le reflet dans le miroir trahit l’endroit : on ne voit pas seulement les roses, mais aussi le pied d’un chevalet. Une fois de plus, on se retrouve dans l’atelier de Mortelmans !
Ce miroir anime la scène. En ajoutant des éléments qui donnent plus de substance à la composition, Mortelmans parvient à rendre ses natures mortes plus intrigantes. Ainsi des personnages, souvent féminins, animent les scènes.
C’est le cas de Visite de l’atelier. Cette œuvre conjugue plusieurs stratégies : un personnage – une jeune fille – hume le parfum d’une fleur du bouquet avec lequel elle ne fait plus qu’un. Dans un mouvement fluide, les fleurs blanches se fondent dans ses cheveux ondulés et sa robe. À droite des fleurs, quelques bouteilles brillantes, mais en haut à gauche, Mortelmans franchit un pas de plus : dans l’enfoncement de la fenêtre, une deuxième nature morte apparaît, où l’artiste semble revenir aux premiers temps du genre avec une boîte sobre, neutre et sombre et quelques vases, vivement éclairés.