Paysage d' Automne , 1961

Toute toile matiériste est un paysage primordial par son étendue panoramique sans orientation nu organisation qui témoigneraient d'une hypothétique maîtrise de l'infini. Le paysage se révèle dès lors singulier: il n'est pas fragmenté dans l'image comme par une fenêtre. Il est entièrement compris par le cadre. Rien n'existe hors de ses limites. Le paysage est totalement inclus. Sa présence est donc absolue. Le semblabe treite l'homme d'égal à égal. Leurs consubstantialité les lie indéfectiblement en une même confrontation physique. Plus étonnant, ce paysage n'a plus partie liée avec le regard. Il n'est plus un coin de nature appréhendé comme un spectacle rejeté à distance. Le paysage est sensation et expérience. Il génère l'espace par sa propre expansion pour culminer en une présence qui va vers l'homme sans attendre d'être vu. le paysage est invitation à l'étreinte. Le rejet de toute image préalable conduit à l'abandon de toute référence extérieure au mouvement de la main qui étale la pâte sur la toile. Seule subsiste l'expérience vécue qui contient l'idée de sol, de ciel ou de mur. Mendelson ne veut pas reproduire tel coin de paysage dans sons spectacle anecdotique. Il entend en saisir l'esprit pour faire surgir dans l'épaisseur même de la matière; une présence aussi inaliénable qu'irréfutable, une émotion définitive et pourtant relative. Cette présence réside seule dans l'expérience, dans l'interiorité méditative qui métamorphose la matière primordiale en paysage. Mendelson rejoint ici le travail que Dubuffet avait baptisé "sols et terrains": un travail de la matière en un "magma chaotique", le retrait de la main et de toute mainmise technique pour nier toute trace de travail et pour rendre à la matière son autonomie.